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La région des Aurès

Devinée plus que découverte, au terme d’une fastidieuse route des hautes plaines ou d’une interminable ligne droite du désert, la barrière des Aurès s’impose par sa très forte personnalité, tant au niveau des structures géographique et socio-économique qu’à celui de sa farouche identité à travers l’histoire.

Formé de plis anticlinaux parallèles dans lesquels les oueds capricieux ont creusé de profondes entailles, le massif barre l’horizon du N.E. au S.O. II constitue des défenses naturelles faciles à verrouiller pour les tribus berbères qui ont choisi de s’y retrancher, et invite les grands nomades ou les conquérants potentiels à l’éviter par le Nord (ou le Sud). Romains, Arabes et ...Français en ont fait l’expérience à leurs dépens !

Une population ancienne, autonome, a pu s’y enraciner et bâtir, dans ces hautes vallées bien gardées, un monde harmonieux et sobre, fier et industrieux, où le milieu naturel (relief, climat, eau, forêt) était maîtrisé, et où le tissu social (tribus, familles, coutumes, rites ) permettait à chacun de s’épanouir à son gré.

Un peu de géographie

Entre le Haut-Atlas marocain et la dorsale tunisienne, l’Atlas Saharien se termine, à l’Est, par un massif beaucoup plus compact que les autres, l’AURASIUS MONS des romains, l’AURASION de Procope, le DJEBEL AWRES des arabes. II est épaulé au Nord Ouest par les Monts du HODNA et au Sud Est par ceux des Nemencha.

Dominant de 1 300 m les hautes plaines du Nord (Batna - Khenchela) de ses crêtes en promontoires, l’Aurès possède le point culminant de l’Algérie-Nord, le Djebel Chelia (2.328 m.), et s’abaisse plus longuement, de près de 2.000 m. jusqu’aux grands chotts du Sud (situés sous le niveau de la mer).

Ligne de partage des eaux, barrière climatique face aux influences marines du Nord et aux vents desséchants du Sud, monde végétal serré ou dégradé, "les" Aurès, si divers, relient étonnamment le Tell et le Sahara. Ils font cohabiter, à 30 km de distance, le cèdre et le palmier, le chêne-vert et le pin d’Alep, la neige des sommets et la sécheresse des confins sahariens.

Le monde des Chaouia

L’Aurès, pays des Chaouia (les habitants de la région), est une région d’une originalité humaine incontestable, la vieille société berbère a conservé sa langue, ses traditions, son habitat à terrasses, son calendrier agraire, son droit coutumier, son indépendance légendaire. C’est que l’Aurès est resté longtemps un monde fermé, protégé par ses hautes murailles, isolé dans ses vallées étroites, perché sur ses pitons abrupts.

C’est un microcosme, vivant dans chaque vallée, comme une cellule originale, de ses cultures et de son élevage. Selon le climat et le versant, la céréaliculture cède le pays aux vergers irrigués, aux chantiers forestiers ou aux palmeraies. Des terrasses, aux murettes de pierres sèches, portent des parcelles minuscules, mais fumées et soignées, qui profitent de l’eau des oueds grâce à tout un judicieux réseau de "séguia" d’irrigation. L’abricotier trône parmi les grenadiers et les noyers. Face au risque de la gelée ou de la sécheresse, le chaoui a dissocié son bien en lopins dispersés qui lui imposent de fréquents déplacements.

La famille est de type patriarcal, consacrée par ses ancêtres, avec son code d’honneur et de solidarité, son jeu d’alliances matrimoniales, son regroupement en "fractions" et en tribus. Son symbole, c’était la "guelaa", le grenier collectif gardé par la « djemaa », le conseil des anciens.

Batna, la capitale des Aurès

La ville de Batna située à 425 kms au Sud-Est de la capitale, a vu le jour sur décret du 12 septembre 1848 signé par Napoléon. Ceci et venue après que la commission consultative siégeant à Constantine a décidé de faire de Batna une future ville du fait de sa position stratégique à la croisée des axes Biskra, Tébessa, Sétif, et Constantine.

Le Climat de la ville de Batna est celui d’une région semi-aride. La température moyenne est de 4°C en janvier et de 35°C en juillet. Durant l’hiver la température descend en dessous de zéro la nuit avec souvent des gelées (présence de verglas sur les chaussées). Durant l’été la température peut atteindre les 45°C à l’ombre.

La position géographique de la ville de Batna présente certains avantages. Elle est située à l’intersection de deux principaux axes routiers : l’axe Nord-sud reliant le Nord du pays au Sud et grand Sud, et l’axe reliant l’Est à l’Ouest à travers les hauts plateaux. La ville de Batna est desservie par l’aéroport international Ben Boulaid distant de 25 km. Outre les villes intérieures, il desserve certaines Métropoles de l’Europe : Paris, Marseille, Istanbul.

Plusieurs sites archéologiques et historiques avoisinent Batna comme la ville antique de Lambèse ; le mausolée de Medghacen datant de 3 à 4 siècle avant J-C ; la ville de Timgad qui fut la principale capitale romaine dans l’Afrique sous Trajan, les vestiges de Diana (Veteranorum Zana) ; l’arc de triomphe de l’Empereur romain Macrin ; la ville de N’Gaous, ancienne ville romaine où se trouvent les tombeaux des sept dormants ; une des anciennes Mosquées d’Afrique du Nord bâtie par Sidi Okba, ou il est enterré ; les dolmens de Chemora ; le massif montagneux de Belezma ; les bassins romain d’Arris ; la splendeur des grottes semi troglodytes de Ghoufi ; les majestueuses gorges d’El Kantara…

Le Medghacen, le plus ancien monument préromain d’Afrique

Le Medghacen, situé à 42 km de Batna, est un mausolée numide situé sur le territoire de la commune de Boumia, dans la wilaya de Batna en Algérie, datant entre le IIIe et le IV siècle av. J.-C. C’est un gigantesque dôme cerclé de colonnes surmontées de chapiteaux de style dorique.

C’est le plus ancien mausolée royal antique d’Afrique du Nord. Il tirerait son nom d’un roi berbère.

De l’extérieur, Medghassen se présente sous la forme d’un socle cylindrique, souvent vu comme typiquement berbère et interprété comme une bazina à degrés, c’est-à-dire une construction de forme cylindrique surmontée d’un cône formé de gradins, mais à la fois plus grande que les bazinas courantes. D’un diamètre de 59 mètres et 18,50 mètres de haut, le tout en pierre de tailles rendues solidaires par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb… Une plateforme au sommet supportait peut être une sculpture : lions, chariots, statues ailées ou autre sujet.

Il a été soumis par le Minstère de la Culture pour figurer dans la liste du patrimoine mondial.

Source : Aurès vivre la terre Chaoui, Nadia Bousseloua, Azeddine Guerfi, Rachid Mokhtari, Philippe Thiriez et Kaïs Djilali, éditions Chihab, 2011 – Guide touristique des Aurès, Philippe Thiriez, Numedia, 1982